La radio, principal moyen de communication sociale en Afrique et plus particulièrement un outil donneur de vie pour des pays comme le Burkina Faso. Agissant dans la proximité, la radio a sa place en ville et plus encore en campagne. Pour ce dernier cas, le village, la radio s’apparente à une lanterne qui éclaire sans distinction aucune. C’est en ce moment que l’on parle de pluralisme, de prise en compte de l’expression des cultures minoritaires car la femme, le jeune, le vieux arrivent à se faire une idée. La radio en milieu rurale porte un objectif de développement multisectoriel : économique (entreprenariat, marché, publicitaire), social (alphabétisation, éducation, formation, etc), culturel (arts, valeurs, etc) et autres (sport, environnement, etc).
Les grilles de programmes radiophoniques font une place importante aux avis et communiqués ; à la promotion des activités des ONG, coopératives, groupement et associations locales ; promotion des groupes artistiques pour ne citer que ces exemples. L’animation de l’antenne fait également appel aux ressources des communautés. Il n’est pas rare que les enseignants, les animateurs d’associations ou de groupements, voire certains fonctionnaires des services publics locaux prennent en charge l’animation d’une tranche d’antenne. En plus, la radio constitue un lien entre le rural et l’urbain, entre les populations alphabétisées et illettrées, francophones et locutrices des langues nationales. C’est pourquoi il existe une certaine unanimité sur le postulat que la radio est un outil d’expression citoyenne et du développement local.
Déjà confronté à des problèmes tels que le manque d’électricité en milieu rural, aujourd’hui le contexte difficile du fait de l’insécurité liée au terrorisme au Burkina Faso fait parler de lui. De nombreux villages encore chanceux de ne pas porter une identité de spectre, et où les âmes qui abritent ces milieux tentent d’appartenir à l’existence ici-bas, la radio y est porteuse d’espoir. Des programmes comme le journal sont la poule aux œufs d’or, les émissions d’animation ou d’expression directe sont toujours vendables. A côté de ce beau tableau il y a la détresse des radios rurales liée à l’étroitesse des marchés publicitaires, à la faiblesse du pouvoir d’achat des consommateurs, aux coûts d’exploitation élevés et à la rareté des sources de financement. Mais la radio en milieu rurale excepté les cas extrêmes reste debout. L’explication est toute simple, la radio est un média qui pénètre là où la presse et la télévision n’arrivent pas toujours à s’introduire plus aisément.
Cette année 2023 marque le 127ème anniversaire de la première transmission radio effectuée par Guglielmo Marconi en 1895 sur l’île de Wight, qui a abouti à la signature de la Convention radiotélégraphique internationale en 1906. Il est difficile de conclure que les situations des radios en milieu rural soient satisfaisantes. Dans ce contexte sécuritaire difficile doublé d’un environnement économique plus que défavorable les radios atteignent-elles leurs objectifs ? C’est cette perspective interrogative que nous décrypterons prochainement.
Rachid Assade ZONGO